Gauche alternative en Corse
La polémique de la présence du drapeau corse dans les stades, lorsqu’une équipe insulaire joue, est née de l’incident à Nice dont les responsables sont un sous-préfet qui a pondu un arrêté stupide, les hooligans niçois soutenus par le capricieux maire, Christian Estrosi, et le président de l’OGC Nice. Cet incident a été ensuite largement exploité par la presse et la Fédération du Football Professionnel s’est vu accusée d’interdire le drapeau corse sur les stades jusqu’en Corse. Il faut revenir à la raison et lire le communiqué de la LFP qui écrit sur son site :
" La Ligue n'a jamais interdit et n'interdira jamais les drapeaux dans les stades, qu'ils soient corses, bretons, basques ou encore occitans, avant, pendant ou après les matches. Il s'agit là de l'expression d'une identité que la Ligue n'a aucune raison, bien au contraire, d'empêcher. En revanche, il y a bien un protocole d'avant-match à respecter, comme le font la FIFA et l'UEFA. Ce protocole, d'une durée de trois minutes correspondant à l'entrée des joueurs juste avant le coup d'envoi, doit être le même sur tous les stades et pour toutes les équipes. En dehors de cet instant protocolaire, il y a donc toute la place pour les drapeaux dans les stades de Ligue 1 ou de Ligue 2. "
Le protocole d’avant-match est le même pour tous les stades et toutes les équipes. C’est clair, il n’y a pas là de racisme anti-corse de la part de la LFP sauf à considérer que la tête de Maure devrait être effacée des maillots des joueurs pour ne pas apparaître dans les trois minutes de début de match. Ce serait une interprétation abusive du protocole d’avant-match. C’est une autre affaire si des préfets prennent la décision d’interdire le drapeau corse, ne serait-ce que dans les stades, nous rentrerions dans le champ politique.
L’arrêté du sous-préfet interdisant tout objet ou vêtement aux couleurs de la Corse et des clubs sportifs corses est une mesure idiote et incompréhensible du point de vue de la sécurité. On peut s’interroger sur son calcul : Selon lui, les Corses devaient-ils être les agressés ou les agresseurs ? Dans les deux cas, la mesure désigne des boucs émissaires car elle ne s’appliquait pas à tous, y compris donc les Niçois. Par ailleurs, connaissant l’attachement des supporters corses à leur drapeau, elle apparaît comme une provocation inutile. Il est inconcevable de dire que brandir un drapeau est une agression. On sait qui ont été les agresseurs: des supporters niçois.
Ensuite, l’histoire du bandana à tête de maure sur le front des enfants qui entrent avec les joueurs sur le terrain d’Ajaccio est ridicule. Des élus corses se sont lancés, la tête baissée, dans l’indignation contre la LFP, au risque d’alimenter les préjugés sur la susceptibilité corse. Si vous allez sur le site de la ligue du football professionnel, l’écusson du Sporting Club de Bastia figure sur la page de la ligue 1. Le communiqué de cette instance sportive et les déclarations de son responsable ne laissent aucune ambiguïté.
Il serait temps d’arrêter une polémique lancée par un sous-préfet incompétent et un Maire niçois[1], xénophobe notoire, polémique relayée par la presse prompte à créer de faux débats. Revenons au sport professionnel qui soulève d’autres débats et, en premier lieu, sur les instances du football qui brassent des milliards d’euros. LFP, FIFA et UEFA sont les branches d’une véritable holding de l’industrie sportive dans lesquelles les postes administratifs sont âprement disputés.
Il est sûrement plus intéressant d’aller voir ce qui se passe dans les coulisses du sport que ce qui est montré dans les stades. Qui touche quoi? Qui obéit à qui? Qui sont ces personnages mystérieux qui dirigent la Fédération nationale, la Ligue des clubs professionnels? Comment valsent les milliards d'euros, y compris en dessous de table, dans ce monde devenu fou et resté totalement opaque? Comment des contrats dits « à image » sont monnayés dans des paradis fiscaux ? Des ouvrages ont été écrits sur ces sujets. Des affaires judiciaires se sont terminées dans l’oubli des médias. On peut aimer le foot et la Corse sans fermer les yeux et se boucher les oreilles lorsqu’il s’agit de gros sous. Le reste n’est qu’un jeu et un spectacle.
Ballone
[1] Estrosi est un nom proche du mot corse « istrosu » qui signifie « capricieux, fantasque, lunatique », en italien le mot s’écrit « estroso ».