Gauche alternative en Corse
Le candidat François Hollande a dit : « Je ferai en sorte que tous ceux qui ont 60 anset qui auront cotisé la totalité de leurs annuités retrouvent le droit de partir à la retraite à taux plein à cet âge-là : ce principe sera mis en œuvre immédiatement. Une négociation globale s’engagera dès l’été 2012 avec les partenaires sociaux afin de définir, dans un cadre financier durablement équilibré, l’âge légal de départ à la retraite, la prise en compte de la pénibilité, le montant des pensions et l’évolution des recettes indispensables à la pérennité de notre système de retraite solidaire. J’engagerai aussi une réforme de la dépendance permettant de mieux accompagner la perte d’autonomie.»
Le rapport Moreau sur la réforme des retraites a été remis officiellement au Premier ministre qui, bien entendu, a qualifié les efforts à faire de « pas écrasants » et tenu des propos rassurants relayés par la rapporteuse. Rien n’est tranché mais les remèdes sont prescrits. Et pourtant, il est question, comme cela se murmurait déjà, de toucher à la "durée de cotisation", au "taux d'appel" ou aux "abattements forfaitaires" avec l’hypocrite promesse de ne pas repousser l’âge légale de la retraite à 65 ans. Il s’agit de poursuivre l’œuvre entreprise par Balladur en 1993, Fillan en 2003 et Woerth/Fillon en 2010.
Comme l’écrit Alexandre Phalippou dans le Hutshing Post en usant d’une métaphore : « Dans le fût, quelle que soit l'étanchéité, une part du whisky, du cognac ou de l'armagnac s'évapore. C'est ce que l'on appelle poétiquement "la part des anges". La "sous-indexation des salaires" proposée par le rapport Moreau revient exactement au même ». C’est le système actuel des retraites complémentaires des salariés et les cadres du secteur privé, sous les termes de « taux d’appel » et de « pourcentage d’appel ». Cela signifie que si le taux d’appel est de 125%, sur 125 € de cotisation retraite prélevés sur votre salaire, seulement 100 € sont pris en compte pour le calcul des points de retraite et cela se traduira par des euros en moins sur votre pension. C’est une sorte de taux de change dans lequel vous êtes perdants. Il ne reste plus qu’aux gouvernants à jouer sur ce taux de manière indolore en ce qui concerne votre salaire mais la mauvaise surprise est pour plus tard, le jour où on vous calculera votre pension.
Pour les fonctionnaires, ce sont uniquement les 6 derniers mois de salaires qui sont pris en compte dans le calcul de la pension de retraite. Le rapport propose de porter la période de référence progressivement à dix ans, en prenant toutefois en comptes les primes jusque-là ignorées pour le calcul des pensions… mais le coup le plus dur est porté par le fameux allongement de la "durée de cotisation", ses annuités, ses trimestres validés, ses trimestres cotisés et autres leviers efficaces. On se souvient que la ministre des Affaires sociales, dans un entretien au Figaro, a indiqué que la durée de cotisation lui paraît être le critère le plus juste pour pérenniser le système par répartition.
Vous aurez donc toujours le droit de partir à 62 ans mais avec une retraite amputée par de fortes pénalités si vous n'avez pas cotisé suffisamment longtemps. Pour avoir toutes ses annuités, celle ou celui qui auront poursuivi des études jusqu’à 24 ans, devrons travailler 44 ans, ce qui les conduit à 66 ans. Ceux qui pourront partir à 60 ans devront avoir commencé à travailler à 14 ans. Avec eux, François Mitterand a tenu sa promesse d’une retraite à 6O ans.
Les retraités ne sont pas oubliés et trois autres points se dégagent du rapport Moreau et concernent leur pouvoir d’achat.
• Suppression de l’abattement fiscal des 10% pour les retraités.
• Fiscalisation de la majoration de 10% des pensions pour les parents de trois enfants.
• Alignement du taux réduit de CSG des retraités les plus riches (6,6%) sur celui des actifs (7,5%) …
La rentrée sociale devrait être chaude si toutes ces mesures sont mises en œuvre !
Battone