Gauche alternative en Corse
Le premier pas avait été franchi par François Mitterrand en 1983 sous l’influence de Fabius et Attali notamment. Depuis lors, Lionel Jospin comme Premier ministre de Jacques Chirac et comme candidat aux élections avec un programme non socialiste et aujourd’hui François Hollande, avec son bras-droit Manuel Hollande et sans bras gauche, ont achevé de faire de la Gauche un mot vidé de son sens historique et de ses valeurs. Ce n’est pas en employant encore des mots de gauche (même le FN sait le faire) qu’on trompe le peuple de gauche. Nos nouveaux gouvernants revendiquent leur appartenance au courant socio-démocrate, autant dire libéral, en reniant le mot même de « socialisme ». Pour eux, la Gauche n’est plus que l’emplacement des sièges des députés de leur majorité dans l’hémicycle. Ils sont sortis de leur cheval de Troie. A la suite du vote du plan d’austérité par l’assemblée nationale, leur entourage parle d’une dynamique créée en expliquant que la politique n’était pas une question d’arithmétique. Cette analyse est contraire à la pensée de Diderot. Dans son article de 1751, « Arithmétique politique », il écrit qu’il « ne doute point qu’on ne parvînt à se convaincre que le monde politique, aussi bien que le monde physique, peut se régler à beaucoup d’égards par poids, nombre et mesure ». Si ce n’était pas le cas, on se demanderait pourquoi, du haut de notre 21e siècle, les chiffres sont-ils faussés par les politiciens ? Dans un contexte ils ont tel sens, et tel autre dans un contexte différent.
Manuel Valls a tout de même confié qu’il avait frôlé la sortie de route. 265 députés ont approuvé le plan d’économie de 50 milliards sur une majorité présidentielle de 340 députés après les dernières élections législatives. Nous ne parlerons pas des votes hostiles de la droite qui ne sait plus quoi dire pour justifier leur opposition à une politique de droite. Jean-François Copé joue le Cassandre avant d’être repris d’écho en écho par ce qu’il y a de pire, à part lui, au sein de l’UMP. De leur côté, les centristes jouent l’attente en ayant opté pour une abstention polie et complice. Ils attendent quoi ? Sans doute de savoir qui sera le plus fort dans les sondages et ce qui leur sera proposé. Ils ont dû apprécier les yeux doux de François Hollande et les égards pour deux des leurs. Pierre Baudis a été enterré avec les honneurs rendus aux Invalides. Jean-Louis Borloo, malade, a reçu les vœux chaleureux de rétablissement du Président Bartolone sur son perchoir avant que Manuel Valls ne les redise en introduction de son discours de politique générale.
Si la politique n’est pas faite d’arithmétique, elle ne se réduit pas à une géométrie variable dans l’espace parlementaire. La dynamique de Manuel Valls et François Hollande peut se heurter à cette arithmétique lorsque l’on constate que 41 députés sur 340 que comptait la majorité présidentielle sont entrés en résistance. Cela représente 12% qui, si on les projette dans l’électorat de gauche, peuvent confirmer la déculottée prise lors des dernières municipales à l’occasion des élections européennes. Par ailleurs, la côte de François Hollande, après un léger frémissement, est retombée au plus bas. Si des élections présidentielles avaient lieu demain, il serait battu.
« Etre de gauche » n’est pas une simple affirmation qui permet de faire une politique de droite. Ce n’est pas une soutane portée par un mécréant. L’arithmétique dédaignée par le pouvoir socialiste, c’est un paramètre de la démocratie. On le retrouve dans les urnes et dans la rue.
Demain, 1er Mai 2014, l’arithmétique et le dynamisme démocratique seront du côté des manifestants. Les chiffres faussés que donnera le Ministère de l’Intérieur ne tromperont personne car ils se retrouveront dans les urnes les 22 et 25 mai suivants.
Fucone.