• Engageons le débat

    Comme nous l’avons prévu dès l’ouverture de notre site, et pour répondre à la préoccupation de plusieurs visiteurs, nous allons désormais consacrer une partie de nos colonnes à la discussion sur des thèmes plus spécifiques à la Corse. Ou plus exactement à l’impact des certains problèmes sur notre île.

    Le premier débat portera sur l’emploi des jeunes. D’aucuns diront qu’il s’agit d’un sujet bateau.

    Pour notre part et jusqu’à preuve du contraire, le problème évoqué n’a jamais été résolu d’une manière significative. Il demeure entier. Il est récurrent, endémique.

    Il faudra tôt ou tard apporter de vraies solutions. Il en va de l’avenir de la Corse qui ne peut se résigner à devenir de plus en plus un paradis pour retraités ou touristes fortunés.

    Un problème endémique

    Depuis la fin de la première guerre mondiale, qui a vu une accélération du mouvement, la Corse se vide de ses forces vives.

    La responsabilité ?

    A tous les gouvernements qui se sont succédés depuis lors. Tous ont été incapables ou n’ont pas voulu aborder sérieusement ce problème.

    Qu’a-t-on proposé pendant des décennies ?

    L’administration coloniale, l’armée, la police, les cercles de jeu - ou encore diverses activités interlopes - devenaient les débouchés « naturels » pour des dizaines de milliers de jeunes corses. Il serait intéressant au passage de connaître l’ampleur du mouvement migratoire.

    Quel gaspillage et quelle perte en savoir-faire pour la Corse !

    Mais la politique de ces fameux débouchés « naturels » allait trouver ses propres limites avec la fin de l’empire colonial et l’indépendance de l’Algérie. La source s’est brutalement tarie.

    Alors on a réorienté le flux migratoire vers le continent. Mais ce n’était qu’un moyen pour retarder l’échéance que nous connaissons aujourd’hui, à savoir une situation de l’emploi des jeunes catastrophique.

    Que faire ?

    Donc, face à une telle situation que faire ?

    Telle est la question angoissante que se posent des milliers de jeunes corses. S’exiler sur le continent pour un hypothétique emploi ou partir ailleurs, à l’aventure ? Rester sur notre île à effectuer des petits boulots mal rémunérés et loger chez les parents jusqu’à un âge avancé parce que sévit en Corse une honteuse spéculation immobilière et foncière ? Sombrer dans la délinquance ? Ou encore chercher des appuis auprès d’un système que l’on connaît bien en Corse, le clientélisme, au risque d’aliéner sa propre liberté pour longtemps ?

    Sans disposer de recettes miracles, on peut entrevoir un autre horizon pour les jeunes corses à condition de modifier les règles du jeu, troublées actuellement par la tutelle des marchés financiers et des politiques européennes qui déterminent de plus en plus les choix nationaux et régionaux de nos gouvernants.

    En langage un peu trivial, il faut mettre le paquet. Le paquet au niveau des moyens.

    Quelques pistes de réflexion

    Quelques pistes de réflexion et d’action que nous mettons en débat.

    Comme dirait l’autre, c’est avant tout une question de sous. Donc, on peut concevoir d’orienter les choix du futur Padduc, vers l’emploi des jeunes. En faire la priorité des priorités.

    En outre, nous proposons de créer un fonds spécial à la formation et à l‘investissement en Corse, alimenté par la Collectivité territoriale, l’Etat et par l’épargne insulaire. Il vaut mieux investir pour les jeunes que dans des produits toxiques dont on voit aujourd’hui les résultats.

    Quels domaines d’intervention ?

    Là aussi, c’est le débat qui permettra de faire des choix. Mais d’ores et déjà, nous pouvons suggérer quelques pistes :

    1. Relancer l’agriculture corse : cultures bio. Pour l’anecdote, il est déplorable de constater par exemple que nous sommes obligés d’importer des tomates pour satisfaire la demande interne, surtout en période estivale. Réhabilitation des châtaigneraies et des oliveraies. Exploitation rationnelle des forêts corses. Une forêt entretenue et exploitée est une forêt qui non seulement permet la création d’emplois mais réduit d’une manière significative les risques d’incendie. Et on sait que les incendies coûtent cher à la collectivité, là aussi en pure perte. Il vaut mieux payer des travailleurs en forêt que des chômeurs.

    2. Favoriser le développement de l’économie sociale et solidaire. Pour reprendre une expression à la mode, il y a des niches ou des secteurs qui permettraient ce développement : Les énergies renouvelables, les métiers de l’image et de la communication, la culture, le secteur de la dépendance, etc. Aujourd’hui, il est possible de travailler en Corse, même dans le domaine des hautes technologies en se servant d’internet. Donc de créer les conditions per campà è travaglià a u paese.

    3. Le tourisme. Le tout tourisme, surtout le tourisme dit de luxe, ne peut pas être la panacée. Rendons-lui la place qu’il mérite. C’est-à-dire une activité comme une autre. Cela ne veut pas dire négliger cette activité. Première chose à faire, c’est de moraliser la profession. Avoir des emplois mieux rémunérés, déclarés, avec du personnel avant tout insulaire et formé. Les structures scolaires et universitaires doivent jouer un rôle important dans la formation des jeunes qui s’orientent vers les métiers du tourisme.

    4. La formation.

    Question fondamentale qu’on ne peut dissocier de l’emploi des jeunes. Toute création d’un emploi utile doit obligatoirement s’accompagner d’une offre adaptée. De nos jours on ne peut plus se contenter de dire : un emploi se crée, il faut l’accorder en priorité à un jeune corse. Encore faut-il que ce jeune ait reçu la formation idoine. C’est une grande question. D’où la nécessité d’avoir des gens formés. La responsabilité des institutions de formation est grande.

    Voilà quelques pistes de réflexion et d’action que nous soumettons au débat.

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